19 mars '25
Critique envers l'employeur sur les réseaux sociaux
dans Juridique par David Debin
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Un travailleur critique ou insulte son employeur ou un collègue sur les réseaux sociaux : jusqu'où peut-il aller ? Est-ce un motif de licenciement ou est-il préférable de faire preuve de prudence ?
Le droit à la liberté d'expression est un sujet particulièrement sensible ces dernières années. C'est souvent un exercice d'équilibriste, surtout lorsque ces avis tendent à être offensants, insultants et provocateurs. Il en va de même dans les relations entre un employeur et ses travailleurs. Si émettre des critiques est autorisé, il ne faut jamais perdre de vue l'équilibre à préserver entre la liberté d'expression, la loyauté et le respect envers l'employeur, même en dehors des heures de travail.
En d'autres termes, un travailleur est autorisé à critiquer l'entreprise où il travaille, ses responsables et ses collègues, tant que ses propos restent dans les limites de l'acceptable. Mais justement, où sont ces limites ? Toute remarque insolente à l'égard de l'employeur, de collègues, de clients ou de fournisseurs est dans tous les cas inacceptable, tout comme les commentaires visant à saper l'autorité et la crédibilité de l'employeur, susceptibles de nuire à l'entreprise ou de perturber la bonne entente entre collègues. Par ailleurs, la divulgation de données confidentielles relève de la loi relative à la protection des secrets d'affaires.
Néanmoins, il n'est pas toujours évident de déterminer quand une critique devient offensante ni à quel moment les limites sont dépassées, en particulier sur les réseaux sociaux où les propos manquent de nuance. En outre, la personne qui publie un commentaire n'est pas toujours tout à fait consciente de la portée de son message. C'est pourquoi, en tant qu'employeur, il est préférable de ne pas prendre des sanctions trop vite. La vigilance est de mise avant de procéder à un licenciement pour faute grave.
Ces dernières années, plusieurs affaires ont été portées devant les tribunaux avec des résultats mitigés. Un juge analysera toujours les circonstances concrètes. Outre les éléments susmentionnés, sont également pris en considération la fonction du travailleur, la véhémence des propos, le degré d'agression ou d'insulte, le bien-fondé de la critique, les intentions du travailleur, l'ampleur de l'attention portée à la critique et le préjudice que le message a causé ou aurait pu causer. Les juges tiennent cependant de moins en moins compte des excuses selon lesquelles le travailleur aurait mal évalué la portée et l'impact de son message, ou qu'un message destiné à un groupe limité d'amis aurait été rendu public par erreur.