23 octobre '25
Les flexi-jobs en danger?
dans Actualité par David Debin
|
L’accord de gouvernement prévoit d’étendre les flexi-jobs à tous les secteurs qui le souhaitent. Ce qui, à l’origine, était une mesure destinée à soutenir l’horeca, pourrait bien finir par succomber à son propre succès. Le ministre du Budget, Vincent Van Peteghem, n’est en tout cas pas un grand partisan du système. Faut-il craindre la fin des flexi-jobs ?
Pour comprendre la naissance du système, il faut remonter à 2015. Le statut de flexi-job a été introduit à l’époque comme mesure compensatoire à l’obligation d’utiliser la caisse enregistreuse dans l’horeca. Quelques années plus tard, les flexi-jobs ont été autorisés dans le commerce de détail. En 2023, ce fut au tour des secteurs du sport, du cinéma, du spectacle et des soins de santé. Depuis 2024, de plus en plus de secteurs ont été ajoutés, accompagnés d’un durcissement des conditions d’application. Et si le nouveau gouvernement en décide ainsi, le système sera bientôt ouvert à tout secteur souhaitant y recourir.
C’est précisément là que le bât blesse. Selon le ministre Van Peteghem (cd&v), cité par De Morgen, une telle généralisation mettrait en péril notre protection sociale. Il estime de la même manière que les assouplissements récents concernant le travail étudiant vont trop loin. Dans les deux systèmes, le travailleur ne paie pas d’impôts et seules des cotisations sociales limitées sont prélevées.
D’après le think tank Minerva, toujours cité par De Morgen, la sécurité sociale aurait ainsi perdu 664 millions d’euros en 2024 : 558 millions à cause des jobs étudiants, et 76 millions à cause des flexi-jobs. Ces montants augmentent chaque année avec les assouplissements successifs.
Les critiques relativisent toutefois ce raisonnement. Rapporté au budget total de la sécurité sociale (150 milliards d’euros), le manque à gagner reste marginal. Et comparé au déficit budgétaire global de 39 milliards, il est presque insignifiant. De plus, ces calculs partent du principe que toutes les heures prestées dans le cadre des flexi- et des jobs étudiants seraient remplacées par des heures de travail ordinaires, ce qui est hautement improbable.
Van Peteghem trouve un allié dans la FGTB, qui considère depuis toujours les flexi-jobs et le travail étudiant comme une menace pour l’emploi stable plutôt qu’un complément.
Dans le secteur de l’horeca, l’inquiétude est palpable. Matthias Decaluwé, CEO de Horeca Vlaanderen, rejette fermement l’idée que les flexi-jobs remplaceraient les emplois fixes. « L’an dernier, les flexi-jobs ne représentaient que 9,2 % du total des heures prestées dans l’horeca, contre 9 % l’année précédente », explique-t-il à De Morgen. « La majorité reste constituée d’emplois à temps plein ou à temps partiel. Si demain on supprime ou on rend les flexi-jobs moins attractifs, nous aurons un vrai problème pour trouver du personnel pendant les pics d’activité. Ces postes sont occupés par des gens qui travaillent quand d’autres profitent de leur temps libre : il faut que cela reste suffisamment intéressant pour eux. »
Pour l’heure, il faut encore attendre des précisions sur les modifications du statut prévues dans l’accord de gouvernement.